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MAURIN DES MAURES

l’embaro, qui signifiait que son derrière trop lourd l’entraînait jusqu’à le faire choir sans autre cause.

Les gamins du village l’appelaient ainsi du plus loin, en sorte que de ce Cuoù l’embaro sortit plus d’un proucé-barbaoù, mot qui, en langue d’amour ou langue provençale, signifie procès-verbal.

L’histoire de la culotte de saint Martin devint célèbre en moins de deux jours d’un bout à l’autre du massif des Maures, car la diligence de Cogolin l’avait emportée le lendemain toute chaude à Draguignan. Les gens de Figanières s’en étaient régalés dès le surlendemain, et, à Bormes, M. Cabissol disait à M. Rinal :

— Notre Maurin, cette fois, a dépassé Napoléon. Il se hausse à la taille d’un Don Quichotte, ce César du pur idéal. Jamais Napoléon ne déclara la guerre pour une cause vraiment humaine, comme l’a fait cette fois notre Maurin ; et, dans Cervantès, ni l’attaque des moulins à vent, ni celle de la chaîne des forçats, n’ont la beauté purement morale de cette aventure-ci. Seule l’égale celle des marionnettes. Notre pauvre Maurin est donc perdu : il combat décidément pour l’idéal ! C’est un philosophe chrétien. C’est peut-être un précurseur, mais il a tout l’air d’un attardé. Il a perdu de vue, faute sans doute d’y avoir jamais réfléchi, ce mot immortel du cardinal de Retz qui dit que la sagesse consiste à connaître « le vrai point des possibilités ».

— Comme vous grandissez votre héros ! dit M. Rinal. À ce compte, l’ineffable Pastouré, avec son coup de fusil à l’adresse du bon Dieu, serait grand comme Prométhée en personne défiant l’Olympe du haut du Caucase !

— Et il n’est ni plus ni moins, dit M. Cabissol. Ce sont