avoir à nous parler, tu sais bien de quoi ! N’aggrave pas ton affaire. Suis-moi de bonne volonté, ou tôt ou tard ça finira mal.
— Si ça doit mal finir, que ce soit le plus tard possible. Bonsoir la compagnie ! Garde tes prisonniers, si tu le peux. Nous autres, nous gardons les chevaux.
Telle fut la réponse de Maurin. Et tournant bride avec ensemble, Pastouré et Maurin prirent le galop et bientôt disparurent là-bas sur la route, dans la poussière soulevée… Le hourrah joyeux de la foule les suivit longtemps, tandis que les gendarmes passaient les menottes aux prisonniers qu’ils devaient à l’adresse de leurs ennemis.
Quand ils eurent assez galopé, les deux héros mirent au pas leurs montures.
— Colonel Pastouré ? dit gaiement le général Maurin.
— Général Maurin ? daigna répondre le colonel Pastouré.
— Je suis content de vous ! dit Maurin.
— Dieu vous le rende ! fit Pastouré.
— Ils ne comprendront jamais comment à nous deux nous avons arrêté les deux hommes.
— Trop bêtes ! dit le laconique colonel.
— C’était pourtant besogne facile à nous (puisque nous savions que les deux coquins n’avaient plus de munitions) de deviner qu’en les surprenant dans cette baume (grotte) — où nous les avions fait appâter avec des provisions, qui avaient l’air d’avoir été oubliées là par notre ami le cantonnier, — ils obéiraient comme des moutons dès que nous leur montrerions les quatre-z-yeux noirs de nos deux fusils doubles.
— Pardi ! fit le colonel.