un maître coup de crosse. Le géant noir tomba. Et Maurin et Pastouré, donnant du talon dans le flanc des chevaux officiels, partirent à fond de train.
Au bruit du double galop, la foule se retourna :
— Vive Maurin ! Vive Maurin ! Vive Pastouré ! Vive le roi des Maures !
Grondard fut relevé, la tête un peu fendue. On le conduisit dans le café du village, pour le panser à l’eau-de-vie.
Consternés, les gendarmes l’interrogeaient :
— Qui t’a frappé ?
— Maurin, de la crosse de son fusil !
Les deux gendarmes démontés se concertaient. Que devaient-ils faire ?
Réquisitionner une voiture, un cheval, suivre Maurin et Pastouré ? Peut-être les voleurs de chevaux allaient-ils rencontrer sur la route les gendarmes de Cogolin, et alors, ils seraient pris… les chevaux étant faciles à reconnaître au harnachement.
Oui, il fallait réquisitionner une voiture. Ils n’en trouvèrent pas. La mauvaise volonté des habitants fut effrontée :
— Ma roue de droite est cassée.
— Ma roue de gauche a pété (rompu).
— Mon cheval a la colique.
— Mon cheval aussi a la colique !
Plus d’une heure s’écoula au milieu de la plus grande confusion. Il y avait maintenant sur la route près de deux cents hommes armés de fusils. Tout à coup ce cri retentit :
— Les voici qui reviennent !
— Où donc ?