Quand la foule connut les intentions de Grondard, elle se mit à le huer :
— Hou ! la Besti ! Zou ! contre lui ! hou ! hou !
— Va en galère, mauvais gueux !
— Qu’on lui tire un coup de fusil ! C’est lui qui accuse Maurin ! C’est à cause de lui que Maurin n’est pas ici parmi nous ! Ne laissez pas un Grondard prendre la place d’un Maurin !
Les gendarmes, sortant vivement de l’auberge, durent s’interposer :
— Cet homme, dirent-ils, peut nous servir.
— S’il veut marcher avec vous, il marchera seul… Personne n’ira à la battue,
— Zou ! à lui ! à coups de pierre !…
Les gendarmes, sous la poussée de l’opinion publique, conseillèrent à Grondard de se retirer. Il refusa.
À ce moment Pastouré prit une résolution.
Il parla :
— Maurin et moi, mes amis, nous avons tracé les mandrins comme des sangliers… Venez ; nous les aurons pour sûr. De la manière qu’ils étaient situés il y a une heure, si on y va tout de suite ils sont pris.
— Où est Maurin ? où est Maurin des Maures ?
— Chut ! il n’est pas loin d’ici, déclara Pastouré, baissant la voix ; il s’est caché, car il prévoyait un peu la gendarmerie. Il nous rejoindra… partons, mais débarrassons-nous des gendarmes.
— Maurin est par là ? Qu’il se montre à notre tête ! Maurin ! Maurin !
— Oui ! cria Alessandri qui s’avança entraîné par sa haine, qu’il se montre ! je suis venu pour le voir ! qu’il se montre !