Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
MAURIN DES MAURES

nant Napoléon, les Anglais se sont pour toujours déshonorés !

Comme l’avait prévu Orsini, les gens de la cantine, mis au courant en quatre mots par le brave Pastouré, donnèrent à Maurin le temps de gagner au large, — avant d’aller délivrer le gendarme auquel on n’épargna ni lazzis ni quolibets.

— Eh ! Eh ! mon bon, disait un vieux bûcheron au pauvre Sandri qui grinçait derrière les barreaux de la fenêtre, eh ! eh ! Maurin des Maures est un gibier facile à manquer… Tu n’es pas assez dégagé, gendarme !… Il y a des perdreaux qui, de remise en remise, arrivent vivants à la fermeture de la chasse. Sans ça, pechère ! la race, vois-tu, s’en perdrait et ce serait malheureux.

Vers le soir, Orsini entendit sa fille chanter dans le bois voisin.

— Allons, tant mieux ! dit-il. Elle n’a pas de chagrin.

Elle chantait la Gallinette :

 
« Dans le bois,
Joli bois !
En ai tant cueilli, recueilli
Que me suis endormie.

Ai tant dormi et redormi
Que la nuit m’a surprise.

« Oh ! qui m’aide à passer le bois
Je suis sa douce amie. »

Vient à passer gai chevalier :
« Moi vous le passerié ! »

Ne sont pas au mitan du bois
Qu’un baiser il dérobe.

« Arrière un peu, beau chevalier
Prendriez ma maladie.