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MAURIN DES MAURES

gendarme ! Maurin déjà avançait les lèvres pour atteindre celles d’Antonia. Et comme il restait un peu court, elle se tourna un tout petit peu vers lui… Leurs yeux se rencontrèrent et Tonia en éprouva une telle secousse qu’elle comprit que donner le baiser, c’était trop ! Et elle s’était dégagée de lui, non sans regret, mais par grande honnêteté, quand, sur le pas de la porte ouverte, parut son père, Antonio Orsini.

Le forestier poussa un juron terrible… Il décrocha sa carabine. Tonia n’eut que le temps de se mettre en travers de sa menace.

— Que viens-tu faire ici, voleur ! criait Orsini.

— Les voleurs ne sont pas chez toi, Antonio ! fit Maurin. Ne m’insulte pas si vite et, si tu prends ta carabine, que ce soit contre ceux qui méritent ce nom et des mains de qui j’ai retiré ta fille.

— Ce qu’il dit est vrai, mon père, dit Antonia.

Et vivement elle expliqua la mauvaise rencontre et l’intervention de Maurin.

— Un baiser, dit Maurin tranquillement, c’est, des fois qu’il y a, une politesse qu’on se mérite !

— C’est bon, gronda Orsini, mais ce n’est pas une raison pour embrasser la fiancée d’un autre et la fiancée du gendarme Alessandri, qui n’est pas ton cousin, tu sais !

— Antonio, répondit d’un grand sang-froid le Don Juan des Maures, Antonio, mon ami, si l’on ne mangeait jamais de cerises que celles qui vous appartiennent, beaucoup de gens ne connaîtraient pas le goût du fruit des cerisiers.

— C’est assez rire ! Décampe à présent !

— Oh ! mon père, j’ai offert à Maurin un verre d’eau-