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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXV


Si l’on ne mangeait de cerises que celles qui vous appartiennent, beaucoup de gens ne sauraient pas quel goût a le fruit des cerisiers.


Maurin suivit Antonia dans la maison forestière resplendissante, toute blanche au soleil, et dont les charpentes visibles étaient d’un bois bien roux, bien choisi.

Dès qu’ils furent entrés dans la salle basse, sorte de pièce commune contigüe à la cuisine et prenant jour par une fenêtre armée de solides barreaux de fer, Antonia ouvrit une armoire. Elle apporta sur la table une bouteille de vieille eau-de-vie et un verre.

— Et toi, tu ne boiras pas, petite ? interrogea-t-il gaiement. Quand on tire la carabine comme je t’ai vu faire une fois, on doit boire l’eau-de-vie aussi bien qu’un chasseur de sanglier, hé, dis un peu ?

— L’un se peut faire sans l’autre, dit Tonia en riant.

— Et, dit Maurin regardant son verre sans y toucher, ce sera là tout mon profit, pour t’avoir prise à mon côté et emmenée loin des coquins ? Que faisais-tu dans le bois lorsqu’ils t’ont fait si grand’peur ?

— Je me promenais bien tranquillement, dit-elle.

Elle était droite devant lui, les deux poings posés fermement sur ses hanches larges. Elle se tenait devant la fenêtre et Maurin, qui la regardait avec des yeux de