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MAURIN DES MAURES

dent dans le maquis après un acte de vengeance violente, assimilé, dans l’esprit corse, à un véritable fait de guerre, à une action héroïque.

Antonia, après les paroles qu’elle venait de prononcer en l’honneur des bandits en général et de Maurin en particulier, fut embarrassée une seconde. Elle baissa la tête et ne la releva pas.

Maurin la regardait toujours et il pensa simplement :

— Té ! encore une !

Il se dit, dès ce moment, qu’Antonia serait à lui. Quand serait-ce ? Quand il plairait à Dieu. Il connaissait ainsi, dans la forêt, le gîte de certaines bêtes qu’il attraperait un jour ou l’autre,.. À quoi bon se presser ? … Le plaisir peut-être le plus grand n’est-il pas d’attendre quand on est sûr d’atteindre ?

Tout à coup, de nouveau, au seuil de la maison forestière, Tonia éclata de rire et, regardant Maurin de côté, chantonna :

Mon bon monsieur, quand on la tient,
Faut plumer la poulette !

Alors Maurin se trouva tout bête, mais si le père Orsini n’était pas à la maison, qui sait, il allait pouvoir peut-être prouver à Tonia qu’elle avait eu tort de rire si haut !

Au moment d’entrer dans l’habitation, l’avisé Maurin redescendit vivement le perron rustique et courut cacher, sous la garde d’Hercule, son fusil et son carnier dans la cabane de bruyère où le forestier enfermait ses instruments de jardinage.

En cas de mauvaise querelle avec Orsini, mieux valait, pensait le sage Maurin, n’être pas armé.