Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
MAURIN DES MAURES

un peu propre, ils s’adressent à moi et ils y trouvent leur plaisir. Vingt villes et bourgades du département suivent mes conseils au temps des élections. Ce n’est pas une petite affaire, crois-le, gendarme, que de se tromper à mon préjudice… Et puis, qui donc m’accuse ? Celui-ci ! un homme dont tu connais toi-même la mauvaise réputation, soit dit sans l’insulter. Quant à sa sœur, elle ment. Elle convient, du reste, qu’elle n’a pas vu l’homme qui l’a attaquée ; personne, je parie, ne l’a attaquée ; en tous cas elle ne m’a pas vu, et j’aurais cent témoins pour dire qu’elle a plus d’une fois inventé contre d’autres des accusations pareilles, avec l’aide de son frère et de votre gueusard de père. »

Grondard, qui donnait depuis un moment de grands signes d’impatience, fit de nouveau un geste de menace.

Alessandri l’arrêta encore…

— Non ! non ! je n’ai pas menti, non, je n’ai pas menti ! hurla la sœur de Grondard.

— Bref, poursuivit Maurin, le mieux pour toi, Alessandri, c’est d’aller faire ton rapport au sous-préfet, au maire ou aux juges. Fais-toi donner un bon mandat contre moi, un papier bien en règle, et alors tu pourras revenir armé non pas d’un revolver mais de ton bon droit… Je ne suis pas un vagabond. Où je demeure, avec ma mère, tu le sais. J’ai une cabane à moi dans le golfe de Saint-Tropez. Elle est en bois, mais elle paye l’impôt… Et de ce pas, avec ta permission, je vais y aller pour t’attendre… Est-ce convenu ?

Le gendarme réfléchissait. Décidément, il avait raison, ce Maurin. Il parlait en homme de bon sens.

— Il a raison, Grondard, dit-il. Il a raison. Je le rattraperai, s’il le mérite, quand je voudrai. Il sait qui