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MAURIN DES MAURES

craqua, se rompit lentement, s’abaissa de nouveau, et Maurin, grâce à ce parachute, arriva à terre en pliant sur les jarrets et sans avoir lâché son fusil.

Grondard et le gendarme se penchèrent vivement au bord du rocher ; ils ne virent plus rien.

Au-dessous du rocher en surplomb s’ouvrait un creux naturel, assez profond. Maurin s’y était précipité, et Grondard et Alessandri entendirent alors distinctement sa voix :

— Gendarme, disait Maurin invisible, gendarme, écoutez-moi bien. Je vais sortir de ma cachette si vous le voulez, et nous nous expliquerons, mais je me méfie de votre sang corse. Le sang corse est prompt comme le diable et j’ai voulu, Alessandri, vous donner le temps de remettre votre revolver dans son étui. Faites comprendre à cette brute de Grondard qu’on ne tue pas un homme comme un perdreau et que vous seriez punissables tous les deux de tirer sur moi, car enfin, il n’y a pas de raison suffisante pour ça, Alessandri !… Vous êtes, au fond, un brave homme, un bon serviteur de la loi, et, tenez, j’ai confiance en vous. Nous allons parler mieux à l’aise, en nous regardant, vous, là-haut, moi, ici, en bas, bien entendu.

Et, sans attendre de réponse, Maurin, hardi, se montra. Cette action imposa au gendarme. Le chasseur avait bien jugé Alessandri.

Le gendarme, quelle que fût la violence de ses passions, gardait toujours au plus haut degré le sentiment de ses devoirs et le respect du droit. Au moment où Maurin se montra, Grondard irrité fit un mouvement, mais Sandri posa sa large main sur le bras du charbonnier.