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MAURIN DES MAURES

celui-là a bien fait. Et si c’était moi, je m’en flatterais ! »

De « je m’en flatterais » à « je m’en flatte » il n’y a, aux yeux d’un gendarme, que l’épaisseur d’un fil. La gendarmerie n’en est pas à distinguer avec soin un conditionnel d’un présent.

Le mot compromettant était à peine prononcé, qu’un bruit de pas se fit entendre non loin de là, dans la pierraille.

— Ton compte est réglé ! dit Grondard. La gendarmerie sait à présent comme moi, ce qu’elle voulait savoir. C’est elle que maintenant ça regarde.

Maurin se retourna vivement.

Un éclair de fureur passa dans ses yeux.

Alessandri, debout à dix pas à peine, la main sur la crosse de son revolver d’ordonnance, regardait Maurin fixement… mais voilà que d’un mouvement instinctif, il se retourna pour voir si son inséparable et réglementaire compagnon le suivait.

Quand ses regards revinrent à la place où devait se trouver Maurin… il ne le vit plus !

Bien avant d’avoir aperçu le gendarme, le braconnier s’était dit qu’il serait peut-être obligé de prendre la fuite, et il avait calculé ses chances et moyens.

Il avait songé tout d’abord à appeler son fidèle compagnon Pastouré posté sur l’autre versant de la colline. Mais appeler son ami Pastouré, c’était le mêler à cette mauvaise affaire. C’était aussi irriter Célestin, faire à coup sûr dégénérer la querelle en combat.

L’apparition du gendarme avait mis fin aux hésitations de Maurin.

Devant lui, il avait le haut versant de la colline cou-