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MAURIN DES MAURES

— Où allez-vous aujourd’hui ? interrogea Margaride.

Le gendarme, impassible, mentant par devoir, dit :

— « À Bormes. Nous avons une commission pour les gendarmes de Bormes. »

Ils s’éloignèrent vers Toulon, et, par un détour dans la colline, ils revinrent bientôt du côté de La Molle où, sur la route, ils trouvèrent deux gendarmes de Bormes spécialement et légalement chargés du procès-verbal de flagrant délit. Sandri n’était venu là que pour jouir de l’arrestation de Maurin. Il voulait aussi, avec l’aveu de ses chefs, essayer de confondre le braconnier en lui révélant les soupçons de Grondard, à son avis motivés fortement.

Lorsque, avec ses trois camarades, il approcha de la cabane suspecte, le jeune et vaillant Alessandri aux joues roses se sentit le cœur plein d’aise.

— Quand l’affaire Grondard ne devrait pas avoir de suite, l’affaire Secourgeon me semble encore suffisante, songeait-il, pour détruire Maurin à tout jamais dans l’esprit d’Orsini et de Tonia.

Naïveté de gendarme !… Autour des don Juan, chaque femme trahie est un appeau qui attire toutes les autres.

Le cabanon de Saulnier, une toute petite maison basse à une seule étroite fenêtre close d’un volet de bois plein, avec ses murs blanchis à la chaux, avec ses tuiles rousses, semblait faire la sieste à l’ombre de trois chênes-lièges, au milieu de quelques ruches d’abeilles éparses aux alentours.

Le volet de bois plein était solidement barré d’une traverse de fer. La chatière de la lourde porte était aveuglée par une planchette clouée à l’intérieur.