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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXII


Méfiez-vous d’un cantonnier qui a pour amis un renard femelle, quinze perdreaux et une belette.


On vit Célestin Grondard, sur la route, avoir avec Saulnier, le casseur de cailloux, de furtifs conciliabules.

Et en quittant Saulnier, Grondard, chaque fois, souriait à belles dents blanches sous son masque noir.

On vit, d’autre part, le père François, le matelassier, causer avec le cantonnier et celui-ci présenter à la gourmandise de son renard deux hérissons tués par Maurin à son intention. Ensuite de quoi François, étant allé refaire les matelas à la ferme des Agasses, causa plus que de raison avec Secourgeon en personne. Secourgeon lui dit que Maurin était une canaille et qu’il avait à se venger de Maurin ! François lui apprit que Grondard voulait lui parler, à lui Secourgeon, mais pas à la ferme, car il ne voulait pas être vu. Il s’agissait d’une grave affaire.

Et, — chose bizarre et inquiétante, — après avoir familièrement causé avec Secourgeon et Grondard qui haïssaient Maurin, le père François s’entretint avec ce même Maurin comme avec un ami. Et la Margaride, la solide servante de l’auberge, qui accordait ses faveurs au gendarme Sandri et qui aurait dû fuir Maurin, accepta de celui-ci un lièvre et deux perdreaux, qu’elle vendit un peu cher au conducteur de la diligence