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MAURIN DES MAURES

homme n’est pas notre homme, bonsoir, rien à faire ; dînez entre vous.

« Voyez-vous, monsieur le préfet, nous en avons assez de vos farceurs qui nous viennent de Pontoise ou de Paris, avec des phrases et des cors de chasse, et qui se font nommer représentants pour ne rien représenter que leur intérêt. Et j’en ai assez, moi Maurin, des électeurs qui se vendent dans l’idée d’obtenir du candidat (qui se fichera d’eux, une fois député) des places de facteur rural ou d’ouvriers dans l’arsenal de Toulon !

« Ça n’a ni fierté, ni cœur, — tous ces bougres-là, ces électeurs-là et les élus de cette tournure. Alors, voilà, comprenez l’affaire. On marchera si ça sent la justice. Et moi, regardez-moi bien, quand je marche, j’en vaux mille ! Demandez à qui vous voudrez ! Mais si c’est pour la farce comme toujours, bonsoir la compagnie, Maurin retourne à ses affaires. J’aime mieux les fouines des bois.

M. Désorty ne souriait plus.

— Allez chercher votre ami Pastouré, je vous en prie, et faites-nous l’honneur de dîner avec nous. Jamais je ne songerai à vous imposer un candidat, Maurin, mais je crois que nous en aurons un bon, dans votre circonscription, aux élections prochaines. Vous examinerez ses titres, sa valeur, avec des gens du pays qui le connaissent, avec M. Désiré Cabissol, par exemple.

— Oh ! celui-là, dit Maurin, on le connaît depuis son enfance, dans le pays. S’il voulait !… Mais il ne veut pas.

— Et, poursuivit le préfet, si le candidat vous agrée, vous redoublerez d’efforts en sa faveur, en songeant