— Ça n’est pas clair, dit-il à Pastouré, je vais voir. Tu m’attendras à la porte.
Ils y allèrent.
À l’hôtel, le préfet reçut Maurin dans un salon qui lui était réservé.
— À la bonne heure, Maurin ! s’écria-t-il en l’apercevant. Voilà qui est gentil.
— Oh ! doucement, monsieur le préfet. Je vais vous dire, fit Maurin. Vous me faites bien de l’honneur, mais que je dîne avec vous, ça n’est pas sûr du tout…
— Ah ! et pour quelle raison, Maurin ?
— Il y en a, des raisons, plusieurs, et des bonnes.
— La première ?
— C’est que je dînerais mal, répliqua Maurin gravement.
— Allons donc ! dit M. Désorty un peu surpris tout de même, malgré sa bonne volonté et son scepticisme de fond.
Il ajouta :
— Eh bien ! vous dînerez mal… comme moi.
— C’est justement ce qui vous trompe, dit Maurin. Vous dînerez bien, vous autres, et je dînerai mal, moi.
— Comment l’entendez-vous ?
— Monsieur le préfet, je suis un gros ignorant et, des fois, ça ne m’empêche pas de parler à un ministre pour me faire établir mes droits…
— Je le sais, dit le préfet, et c’est ce qui me plaît en vous.
— Ah ! vous savez ? ça me fait plaisir ; je peux dire aussi que sur la chose de la chasse, je ne crains personne, comme vous avez pu voir aujourd’hui, et je commanderais volontiers à des empereurs.