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MAURIN DES MAURES

de lui à Saint-Tropez où il est avec un brave patron pécheur. S’il continue à ne pas être comme il devrait, il faudra bien que je lui fasse faire ma connaissance. Il se plaint de sa condition. Il dit que n’ayant ni père ni mère, il ne doit rien à la société… Il tourne au méchant bougre, sous prétexte qu’il n’a pas de père ! Je crois qu’il va être temps que je m’en mêle et que je lui en donne un, moi, de père, et un solide !

— Mon opinion est que vous ferez bien, dit M. Cabissol. Mais, adieu. Je vais rejoindre M. le préfet. Je crois que vous êtes invité avec nous ce soir.

— Ah ! dit Maurin sans surprise aucune.

Ils se quittèrent.

Le gros des chasseurs rentra dans la ville en bravadant, c’est-à-dire en poussant des cris de victoire, en tirant coups de fusil sur coups de fusil, en faisant tout le tintamarre possible.

On se rendit dans la grande salle d’un café où la majorité décida que le lendemain, quand on se partagerait le sanglier, les hures seraient offertes au préfet et à l’un des sénateurs.

Mais Maurin protesta, et d’une voix de stentor :

— La hure aux dames ! cria-t-il.

Mme  Labarterie lui plaisait, et dans son cœur c’est à elle qu’il pensait.

Tout le monde obéit au désir de Maurin, et la troupe se disloqua. Enfin, chacun rentra chez soi.

Maurin et Pastouré comptaient dîner dans un cabaret borgne de leur connaissance, quand un domestique de l’hôtel les rejoignit.

M. le préfet invitait Maurin à venir dîner avec lui. Maurin se gratta la tête.