leurs postes… Tout le monde ne peut pas avoir les bons.
Tonia admirait beaucoup ce grand gaillard vêtu de toile, guêtre de toiles et de ficelles, chaussé de cordes, coiffé d’une loque et qui, avec une belle aisance, donnait des ordres à l’inspecteur des forêts si fier dans son uniforme.
— Vous, placez-vous ici ! Et vous avez entendu la recommandation que j’ai faite au général, hé ? Pas de cigare, pourquoi les sangliers nous éventeraient. C’est que… ça a du nez… Au revoir !
C’est sur ce même ton qu’il sépara brusquement Tonia de son père. Tonia, lorsqu’elle était toute petite, avait voulu apprendre à tirer la carabine. Et son père, jugeant que, lorsqu’il la laissait seule à la maison, au milieu des bois, cela pourrait lui être fort utile, lui avait enseigné lui-même le maniement d’une arme à feu. Elle tirait assez bien.
— Vous, la jolie fille, dit Maurin, il vous faut un poste à part, où les sangliers passeront pour sûr, mais où vous n’aurez pas à vous occuper des autres chasseurs, ni pour éviter vous-même leur coup de fusil, ni pour éviter de leur envoyer le vôtre.
Il arrive, en effet, qu’en ces montagnes très accidentées, les chasseurs, qui se croient postés très loin les uns des autres, se trouvent, à vol d’oiseau, très voisins, bien qu’ils aient marché beaucoup, après s’être séparés, pour gagner leurs diverses embuscades.
Le père de Tonia, qui voyait les généraux, les préfets et les inspecteurs des forêts obéir sans réplique à Maurin, ne fit pas la moindre objection. Il obéit à son tour militairement et fut placé au fond d’une gorge