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MAURIN DES MAURES

la tête coiffée de la casquette ronde, en velours, sonnait du cor à perdre haleine, devant la mer d’un noir violet, frissonnante sous les souffles froids de l’automne et du matin. Sa femme, en costume de chasse, était une inquiétante Parisienne, aussi jolie qu’élégante.

Au fond du golfe, la petite rivière d’Agay se fait suivre jusque sur la plage par ses touffes de roseaux et de lauriers-roses.

On partit, tout le monde à pied cette fois. On remonta le long de cette rivière, entre les collines.

On s’élevait lentement sur les sommets de la Baume, hérissés d’aiguilles rougeâtres.

Maurin, en bon prince, faisait de grandes amabilités aux frères Pons, qui auraient pu trouver mauvais qu’il jouât au seigneur sur leur territoire.

Tout le monde était attentif à ses moindres paroles. Il vantait les frères Pons, ses rivaux.

— Ils n’ont pas leurs pareils dans les Amériques, disait-il, ni chez les Arabes, aussi bien pour la connaissance pratique de la chasse et pour leur dureté à la fatigue, que pour la fantaisie. Voulez-vous voir ? Attention, Pons !

Il arma son fusil.

— Que personne ne bouge !

Il prit son arme par l’extrémité du canon, il la fit tournoyer à bout de bras et la lança très haut ; elle vira deux fois, en l’air, sur elle-même. Pons l’aîné, le bras droit en avant, attendait qu’elle retombât…

À ce moment, Pastouré lança en l’air une pierre qui monta, tandis que le fusil descendait.

L’arme retomba horizontale sur le bras de Pons qui tira : on ramassa la pierre, elle était criblée de plombs.