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MAURIN DES MAURES

— C’est bien simple, dit la Corsoise. Depuis longtemps, je pressentais qu’Alessandri et moi nous finirions par nous accorder, mais j’avais pensé que la chose se ferait mieux que cela.

— Comme je l’ai faite, elle est bien faite, dit le père avec autorité.

— Je n’aime pas, dit-elle en pinçant les lèvres, qu’on me fasse supporter, comme par force, même les choses que j’ai désirées. J’accepte Alessandri, n’ayant pas de raison assez forte pour le refuser, mais je ne suis pas contente, et vous aviez tout à gagner, l’un et l’autre, à vous y prendre autrement.

— Pardonnez-moi, Tonia, murmura le beau gendarme… J’avais craint…

— Et quoi donc ?

Elle redressa la tête en joli cheval de bataille.

Le gendarme n’osa s’expliquer.

Orsini se mit à rire :

— Ces amoureux sont tous les mêmes, des jaloux. Pardonne-lui, Tonia. Il s’était figuré, vois-tu, que tu avais pu penser une seconde à ce bandit de Maurin !

Elle frappa du pied :

— De quel droit a-t-il pu penser ça ? siffla-t-elle.

Et, prise du besoin de lutter, d’affirmer son indépendance, de braver son futur maître :

— Et puis, dit-elle, un bandit vaut un gendarme !

— Quelquefois, dit Orsini ; mais ce n’est pas le cas. Maurin n’est qu’un coureur de filles et un coureur de gibier. Il n’a pas gagné le maquis français après une juste vendetta. Ce n’est rien, cet homme.

— Ce n’est rien, cet homme ! répéta Sandri.

— Si ce n’est rien, comment avez-vous pu croire qu’il