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MAURIN DES MAURES

ble devant Jésus, couché sur de la paille, entre l’âne et le bœuf, dans l’étable légendaire ; ils saluaient l’Enfant-Dieu, puis Marie et Joseph… L’aveugle priait à voix haute et tout à coup, sa guérison s’étant miraculeusement accomplie, il le prouvait d’une façon éclatante en s’écriant, tourné vers son fils : « Oh ! bou Diou ! que capeoù ! (Oh ! mon Dieu ! quel chapeau !) » Et cela est d’excellente comédie !

« Le chapeau haut de forme est né en Angleterre…

« Le bon sens populaire des Provençaux de tout temps a condamné une coiffure qui ne protège ni contre le soleil ni contre la pluie ! »

On arrivait aux Arcs. Les deux voyageurs changèrent de train ; il pleuvait légèrement.

— Tiens ! il pleut ! dit le préfet.

— Il pleut ? dit M. Cabissol. Eh bien, je parie que des Arcs à Draguignan, nous ne verrons pas âme qui vive dans les champs ni sur les routes… Et à propos de pluie, poursuivit-il, j’oubliais de vous conter mon récent pèlerinage à Sant-Estrôpi.

— Où est cela ?

— Pas très loin de Figanières. J’y suis allé l’autre jour. Et voici ce que j’ai vu et entendu…

« Sant-Estrôpi est le nom d’un quartier rural de la commune de Figanières. La chapelle de saint Estrôpi, patron des joueurs de boules maladroits, dépend du château qui porte le même nom, et qui appartient à mes vieux amis Boujarelle. Devant le château, au flanc de la colline, s’étend une terrasse spacieuse qui domine magnifiquement une petite vallée. La chapelle fait face au château, à l’autre bout de la terrasse.

« Or, de tous temps, les propriétaires de cette vieille