savait pas dire, qui existait pourtant, qui lui manquait, et qu’il venait chercher ici… L’âme obscure du chasseur, comme un papillon de nuit, se cognait à la vitre lumineuse du savant dans une admiration ignorante, dans un vœu inconscient de chaleur et de lumière. Il souffrait, tremblant qu’on ne le renvoyât sans accepter son fils, sans réaliser sa chimère.
M. Rinal réfléchissait.
— Je ne peux pourtant pas deviner ! murmura-t-il… Vous avez bien un projet pour l’avenir du petit ? Voulez-vous en faire un paysan ? J’aime assez cela. Un soldat ? ça va encore ! Un marin ? un bouchonnier ? un jardinier qui cultive les primeurs pour les envoyer à Paris et à l’étranger ? D’après ce que vous déciderez, je tâcherai d’aider votre fils… car c’est entendu, — vous me plaisez, — je le ferai travailler…
— Vraiment, ah ! quel bonheur, mon brave monsieur !
— Mais que faut-il lui apprendre, quoi ? dites un peu.
Un mot sortit de tout l’être de Maurin, brusque, involontaire, étrange, superbe :
— Tenez, monsieur, fit-il ingénument, apprenez-lui la justice !
M. Rinal devint tout pâle. Il se sentit le coin des yeux picoté par l’émotion, — et il marcha vers l’homme, qui se leva. Il lui tendit sa main que Maurin saisit.
— Vous êtes un brave homme, vous ! dit-il à Maurin. Envoyez-moi votre fils quand vous voudrez.
Ce fut le tour de Maurin de devenir pâle.
Quand il raconta à Parlo-Soulet sa visite chez M. Rinal :