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MAURIN DES MAURES

Une console et un bureau ministre, couverts également de livres et de papiers. Une bibliothèque chargée de petits et gros livres en toutes les langues possibles. Des atlas debout dans des coins. Sur la cheminée, une figure égyptienne creusée d’hiéroglyphes parfaitement lisibles pour le maître du logis.

Aux murs un portrait de Victor Hugo, lithographié ; une bonne peinture, copie de Téniers, et une vieille gravure allemande, représentant la Mise au tombeau… Les saintes femmes, avec d’infinies précautions, soulèvent le corps de Jésus. Les visages contractés sont couverts de larmes qui s’égrènent, grosses, lourdes, comme des perles… Au fond, des collines et le temple de Jérusalem.

— Ah ! vous venez pour le petit… Et que voulez-vous lui apprendre, au petit ?

— Je ne sais pas, monsieur Rinal. Je souhaite qu’il apprenne les bonnes choses.

M. Rinal sourit.

— Les bonnes choses ! dit-il. Il y en a presque autant que de mauvaises. Et il devrait y en avoir davantage, puisqu’on peut enseigner les bonnes et apprendre à détester les mauvaises… Quel âge a-t-il, ce petit homme ?

— Onze ans tout à l’heure.

Le vieux praticien se leva, alla à l’enfant. Maurin vit alors que M. Rinal boitait légèrement, mais de la boiterie il avait fait une sorte de grâce. Il boitait avec élégance, presque fièrement. C’était un trait de sa physionomie que cette façon jolie de se relever sur son meilleur pied au moment de l’arrêt et de poser l’autre par-dessus, la pointe en bas.