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MASCARILLE.

Va donc, mon fils, va dire au peuple de Molière,
Sur ce théâtre illustre où tu seras ce soir,
Comment les dieux nous ont permis de nous revoir…
Comment ici j’ai cru que le courant des âges
De la mémoire humaine éloignait mes ouvrages,
Et que par toi j’ai su leur immortalité !…

« Quoi qu’Alceste en dit, si mon œuvre est resté,
C’est que l’homme toujours est semblable à lui-même :
Ni pire, ni meilleur, il vit, il souffre, il aime !
L’esprit change ; le cœur n’a que de vieux secrets ;
Le cœur est éternel et n’a pas de progrès !

« Mascarille, va dire à ma race française
Que son amour constant me fait tressaillir d’aise,
Et que rien n’est perdu des vigueurs d’autrefois
S’ils n’ont pas désappris mon vieux rire gaulois ;
Car le rire, inconnu des faiblesses chagrines,
Le rire, à coups pressés secouant les poitrines,
Prouve qu’un homme est fort et qu’un monde est vivant !

« Dis-leur cela ; dis-leur que désormais, souvent,