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MASCARILLE

Son génie a dormi : ton rire le réveille,
Vibrant comme l’airain des grands vers de Corneille !

« Ennemi du mensonge, ô poëte profond,
Ô toi qui, soulevant ton masque de bouffon,
Me laissas voir tes yeux qui pleurent en silence,
Salut, gloire immortelle ! Ô gaîté de la France !
Ton peuple est consolé quand tu parles ; il sent
Qu’un peuple dont tu sors est vivace et puissant,
Et qu’il est malaisé d’éteindre la lumière
Qui couronne à jamais la France de Molière ! »

Le maître m’écoutait parler, et dans son œil
Étincelait un feu de génie et d’orgueil.

« Eh quoi ! dit-il enfin, aux heures de souffrance,
Mon œuvre a pu servir à consoler la France ?…
Tu m’es cher, Mascarille, ainsi qu’un premier-né,
Et c’est à toi, je m’en souviens, que j’ai donné
Ma jeunesse d’esprit en sa verdeur première.