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Bien des fois vous avez consolé ma souffrance,
Et je vous ai béni, poëte, bien des fois,
Car vous me ramenez, tressaillant d’espérance,
Au bord de mes flots bleus, au fond de vos grands bois !

Vous donnez pour le ciel des ailes à mon âme ;
En chantant la Justice et le Droit, ô penseur,
De mes espoirs éteints vous rallumez la flamme…
L’enfant même a souvent le doute au fond du cœur !

Quand la hache sonore ébranle le vieux chêne,
Je gémis avec vous sur son funeste sort ;
Si je songe avec joie à notre vie humaine,
Vous me faites comprendre et célébrer la mort !

Pour toutes mes douleurs vous avez une larme,
Un mot qui me pénètre, un mot harmonieux ;
Votre luth murmurant répand un divin charme,
Et le sourire aux pleurs se mêle dans mes yeux !