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Va, je sais ta souffrance intime,
Jeune femme au cœur soucieux…
Quand tu pleures, humble et sublime,
Tes larmes roulent dans mes yeux.

Mais, vois-tu, j’ai ma tâche morne ;
J’ai mon sillon dur à tracer
Dans cette plaine dont la borne
Doit tôt ou tard se dépasser.

Moi, vois-tu, j’ai ma gerbe à faire ;
J’ai mes souffrances à souffrir ;
J’arrive à peine sur la terre :
Je dois vivre avant de mourir !

Et, tout seul, j’ai peur et je tremble ;
Oh ! va, mêle ton cœur au mien ;
Ne meurs pas, et vivons ensemble
Si tu veux que je vive bien !