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Mais, dans un creux de roche, une bête à bon Dieu,
Confiante, courait sous l’herbe fraîche et douce,
Et je compris que même en ce farouche lieu
Vivent, sans nul effroi, l’insecte et l’humble mousse !

Et tout à coup j’ai vu, comme je vois le jour,
Des yeux de mon esprit, la Clémence éternelle,
Et j’ai pu pénétrer l’universel Amour,
Ainsi que l’aigle monte aux cieux, d’un seul coup d’aile !

Comme par un miracle auguste, j’ai senti,
Distinctement, ma vie éparse en la nature ;
C’est un songe puissant qui ne m’a pas menti :
Je suis ombre ! je suis soleil ! je suis murmure !

Je me sens palpiter sous l’haleine du vent !
Je suis le chêne vert ! je suis la jeune séve !
Je suis l’Homme ! je suis le suprême Vivant !
Dans tous les vols mon âme au vol ardent s’élève !