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Là, dans les rochers gris, immuable comme eux,
S’élève le sapin rêveur auprès du chêne ;
Les souffles ennemis passent dans ses cheveux,
Même sans émouvoir sa force souveraine.

Sur ces pures hauteurs règne l’éternité ;
L’horreur religieuse habite cette cime,
Et, qu’on ait devant soi la nuit ou la clarté,
C’est toujours l’infini béant, toujours l’abîme !

J’ai promené mes yeux sur les grands horizons ;
C’étaient des monts houleux, c’était la mer immense,
Et j’aperçus à peine un groupe de maisons…
Mon âme alors se prit à pleurer en silence !

Mon âme alors se prit à pleurer les vivants
Qui sont si peu de chose au sommet des montagnes !
Que trouble le vertige, et qui tremblent aux vents
Plus que l’épi de blé par les blondes campagnes !