Page:Aicard - Les Jeunes Croyances, 1867.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Je gagnai la cité des morts pour chercher Dieu !
Les cyprès pleuraient seuls, quand j’entrai, sur les fosses ;
D’ailleurs, partout la joie ou bien des larmes fausses ;
Les moineaux francs, nombreux, chantaient devant la mort ;
J’étais calme ; j’étais tout tranquille d’abord.
On portait un enfant qu’on jeta dans la terre,
Et les suivants riaient devant le grand mystère.
Ce rire me navra. Là, des tombeaux ouverts
Attendaient leurs cercueils pour être recouverts,
Et sur d’autres, ici, poussaient de folles herbes ;
D’autres étaient chargés de sculptures superbes…
Ma tristesse grandit, car la société
Étalait encor là toute sa vanité !
Et devant ce néant et ces bouffonneries,
Ces festons de papier et ces verroteries,
Indigné, je criai, niant toute vertu :
« Impassible Soleil, pour qui resplendis-tu,
Et que fais-tu là-haut à regarder la Terre ? »

Et j’entendis les morts me répondre : « Il espère !  »