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L’orgie en ses festins n’a même plus de roses !
Les âmes sont de cire, et les fleurs de métal ;
Des dieux et de l’amour il nous reste deux choses :
La pâle indifférence et le désir brutal !

Les jeunes d’aujourd’hui vaudraient-ils ceux d’Athènes ?
Eux qu’on voit, dédaigneux du juste en cheveux blancs,
Récolter ces moissons hâtives de leurs graines :
Des nouveau-nés déjà blêmes et tout tremblants !

D’autres l’ont dit : plus rien ne bat dans les poitrines !
Et s’il est quelque part, triste, sur les sommets,
Un héros de jadis, meurtri de nos ruines,
Et tel que notre temps n’en verra plus jamais !

S’il reste un grand poëte et s’il reste un grand homme,
Ô miracle ! si grand qu’en un dernier effort,
La foule, par hasard, s’en souvienne et le nomme,
Un dormeur, réveillé, l’insulte, et se rendort !