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Humble tricot du pauvre, ô poëme de femme !
Sympathique témoin des douleurs de son âme !

Regardez un instant la bonne femme : elle a
Vécu quatre-vingts ans, telle que la voilà !
Allant dans la forêt glaner le bois qui tombe,
Filant, faisant la soupe ou tricotant. La tombe
Doit la prendre au travail, et la fillette aussi.
L’existence du pauvre et sa mort sont ainsi.
Les hommes vont pieds nus, mais la femme tricote,
Toujours, pour son mari, pour ses enfants. Elle ôte
De sa bouche le pain pour eux. Elle voudrait
Leur masure avec plus de bien-être, et mourrait
Heureuse, s’ils marchaient un jour sur cette terre
Sans déchirer leurs pieds… Ô richesse !

Sans déchirer leurs pieds… Ô richesse !Ô misère !
Hélas ! pendant ce temps, dans les grandes cités
La vapeur jette un cri rauque de tous côtés,