Ô Travailleur épique, héroïque Ouvrier
Que l’Exil ni la Mort, que rien n’a fait plier !
Ô Maître, qui tenais si haute — l’Oriflamme
D’azur, à hampe d’or, — pleine d’un souffle d’âme !
L’Oriflamme sacrée où l’Idéal inscrit
Parmi les biens réels les rêves de l’esprit,
Les désirs infinis des cœurs, Amour, Tendresse,
Tout ce qui charme l’Homme, et, vaincu, le redresse.
Tout ce qui fait lever le front, lever les yeux.
Aux Hommes, qui sont vils, et qui pourtant, sont dieux !
… Qui mieux que toi. Poète, en ce siècle sublime
Où tout est grand, hélas ! le Génie et le Crime,
La Foi, qui jette un cri d’appel, — son dernier cri, —
Le Doute, — ce railleur du Courage amoindri, —
Le Désespoir, — aussi profond que l’Étendue ! —
L’Espérance, — toujours debout, quoique éperdue, —
Qui mieux que toi, Poète, et plus haut, a porté
L’honneur et la grandeur de notre humanité ?
Ô Maître, dont la mort a fait la Gloire veuve,
Dans l’Homme vit un dieu — dont ta mort fait la preuve !
Page:Aicard - Le Dieu dans l’homme, 1885, éd2.djvu/18
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INVOCATION À VICTOR HUGO.