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INTRODUCTION

C’est la même impression que laisse son œuvre de journaliste. Cette œuvre est considérable. Pendant plus de trente ans, dans les journaux de Paris et de Provence, à propos de tout et à propos de rien, Jean Aicard a dispersé des plaidoyers pour l’idéal et pour la bonté. Ils sont touchants, généreux, et presque toujours d’une fantaisie qui amuse et d’une bonhomie qui captive.

Par transparence, on peut y lire sa vie au jour le jour. Dans sa longue carrière, il a été mêlé à beaucoup de ces choses que l’on appelle importantes, et, comme il prenait parti sans être d’aucun parti, il s’est fait des amis et des adversaires dans tous les camps. Mais il lui est aussi arrivé quelquefois d’être l’expression de la pensée de tous : aux fêtes de Toulon en 1889, dans sa campagne en faveur des Arabes, et lorsque l’escadre russe visita la Provence, Jean Aicard fut vraiment le poète tel que le rêvait Victor Hugo, l’âme chantante de tout un peuple.

On trouvera dans le sixième chapitre un écho de ces choses, mais combien affaibli ! J’ai dû laisser de côté des articles et des discours qui pourraient former plusieurs volumes. Le souvenirs des événements qu’ils racontent s’est effacé et pourtant ces pages vivent encore, tant elles furent spontanées et cordiales.

Jean Aicard a horreur de la critique qui dénigre ; il aime celle qui aide en admirant et en conseillant.

Aussi, quand il a voulu s’essayer dans ce genre, il n’a rien dit des écrivains qu’il aurait dû maltraiter. De ceux qu’il aime, de Michelet, de Sully Prudhomme, de Loti, d’Alphonse Karr, il a tracé des portraits qui doivent rester, parce qu’ils contiennent ce que chacun d’eux eut de meilleur.