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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE IX


Pastouré, prolixe, comme il lui arrive de l’être dans les grandes occasions, donne son avis sur les imprudences de Maurin des Maures, qui, pendant ce temps-là, cause avec son ennemi Sandri.


Pour rejoindre Tonia qui l’attendait à la cantine du Don, Maurin, un beau matin, laissa Pastouré seul, dans les marais de l’Almanarre à Hyères. Il avait tué un cormoran pour le compte d’un prince russe qui collectionnait tous les oiseaux divers qu’on peut tuer dans le Var. Pastouré, que Maurin avait mis de moitié dans cette affaire, comme dans toutes ses autres opérations de chasse, continua à patauger parmi les siagnes et les ajoncs. Tout en pataugeant, il gesticulait et bavardait :

— Pour une chasse qui me déplaît, voui, c’est une chasse qui me déplaît. Il y faut des bottes lourdes. Et il fait froid, ce matin. Pas moyen de courir, ici. La vase vous englue ; on a les pieds collés à son chemin. C’est une misère. Et pourquoi me laisse-t-il tout seul dans pareil gâchis, ce Maurin ? C’est, pardi ! pour aller à sa gueuse. Il court donc après son malheur, je le calcule, comme tout le monde sur cette terre ; quand la passion nous emporte, rien à faire. Si on jouait la gale, on voudrait la gagner… Ainsi sommes-nous faits : tant bien les uns comme les autres, nous courons, nous courons,