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L’ILLUSTRE MAURIN

mieux à faire que de lui rappeler les mauvaises heures.

— Oh ! mauvaises ! fit Maurin. Je n’en ai passé qu’une de mauvaise, c’est lorsque j’eus les mains liées… Ça, par exemple, ne me plut guère… mais vous avez raison, parlons d’autre chose. A tu, Marlusso !

Cigalous avait engagé une conversation particulière avec M. Rinal :

— Allons donc ! disait celui-ci.

— C’est comme je vous l’affirme. Ah ! si vous croyez que tout est pour le mieux dans la meilleure des républiques ! Il y a des routines qui n’ont peut-être jamais eu de sens et qui en ont aujourd’hui moins que jamais. Oui, monsieur. Je suppose qu’un meurtre soit commis ici, à Bormes, par un chemineau : il prend la route de Cogolin à Draguignan. Croyez-vous que, moi maire, je puisse télégraphier à Cogolin ? pas du tout. L’assassin file vers l’est : il faut que je télégraphie à l’ouest, c’est-à-dire au parquet de Toulon. Voilà ce que je suis forcé de faire en ce temps de chemin de fer, d’automobiles et de bicyclettes ! Vous voyez comme il est aisé de faire la police dans nos campagnes !… Mais ne parlons pas de ces absurdités… À toi, Marlusse !

L’assemblée, qui s’était tue pour écouter parler le maire, cria unanime :

— À toi, Marlusse !

— Eh ! dit Marlusse, en faisant le mouvement de repousser avec son coude l’importunité de la demande, comme si elle eût été une main posée sur lui, eh ! vous me la demandez toujours ! Elle m’ennuie à la fin ! C’est pour vous ficher de moi !

— A tu, Marlusso ! fit Pastouré d’une voix de contrebasse.