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L’ILLUSTRE MAURIN

Sainte-Maxime. Comme de juste, elle n’allait jamais à bord du remorqueur, et, des fois, elle faisait à terre, entre deux rochers, la soupe à son homme. Un beau jour, étant descendu à terre moi-même pour aller faire à Sainte-Maxime une commission, je rencontrai la femme au bord de l’eau, à peine habillée après un bain. Le scaphandrier, sous l’eau, était en train de visiter l’épave, et l’homme qui, là-bas, à bord du remorqueur, virait la roue de sa pompe pour lui donner de l’air, nous tournait le dos. J’embrassai la femme qui ne disait pas trop non, et avec tant de plaisir que je ne songeai pas à regarder le navire. Quand je le regardai, nom de nom ! le scaphandrier, à moitié hors de l’eau, remontait par son échelle et, à travers la vitre et les barreaux croisés de son casque, il nous regardait. Sa tête de scaphandrier me semblait un ballon. Il avait l’air d’un terrible. Il regardait et, de la surprise, j’oubliais de lâcher la femme. Il soulevait ses deux bras vers son casque qu’on commença à lui dévisser, mais on n’y parvenait pas.

« — Parbleu ! me dit alors sa femme, il faudra bien qu’il le garde. Il va rester comme ça ! Leïs bànos l’an poussa dins l’aïgo ! »

— Ce qui veut dire ? interrogea Mme Labarterie.

— Oh ! peu de chose, dit M. Rinal, cela veut dire :

« Il y a des bois qui poussent sous l’eau. »

— Je ne comprends vraiment pas, dit M. Labarterie.

— Il y a bois et bois, dit M. Rinal, nous parlons ici de ceux qui empêchaient le cerf de courir dans les autres.

— Ah ! je comprends ! cria la Parisienne.