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L’ILLUSTRE MAURIN

telle manière que tout le monde le comprend. Il galège des fois le gouvernement avec des paroles de notre parler patois, et ça sert, plus que tout, l’honnête homme qu’il est.

— Bien dit, Maurin ! fit Cigalous.

M. Labarterie déclara qu’il verrait, qu’il se réservait. Alors, pour être utile à son mari, Mme Labarterie se fit, avec Maurin enchanté, de plus en plus aimable ; mais lui il pensait : « Je voudrais bien de la femme, mais du mari, je n’en veux pas. Ah ! je comprends pourquoi il portait, à la battue des sangliers, une si haute casquette ronde. Ça lui cache les banes (les cornes).

Et sa tempe souriait sans que cela lui enlevât rien de son air de jeunesse.

— Que dites vous de cela, Noblet ? demanda M. Rinal.

— J’avais, répliqua M. Noblet, pensé à me présenter, mais M. Cigalous, à qui j’en parlais l’autre jour à Cavalière où un ami m’a présenté à lui, m’a répondu justement ce que vous venez, monsieur Maurin, d’expliquer si bien.

— Vous êtes, dit M. Rinal à M. Noblet, un des plus grands noms français de la science, un écrivain éminent, un philanthrophe aimé. Vous avez fait des découvertes admirables qui ont porté votre renommée scientifique dans les deux mondes. Vous défendez activement la plus grande des causes humaines, celle de l’arbitrage entre nations, qui rendra les guerres difficiles et rares, sinon impossibles. Ce serait l’honneur du département de vous avoir pour député…

M. Noblet s’inclina :

— Si l’on me nommait, dit-il, je dévouerais ma vie à la cause de la République, tout en renonçant à