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L’ILLUSTRE MAURIN

Cigalous, Cabissol, Arrachequesne, Escartefigue, Tombemousque, Terrassebœuf surtout, Pignatel et Lacornude, tous enfin, riaient de bon cœur.

M. Rinal souriait.

Maurin, avec des appels de pied multipliés et sonores, criait à son adversaire :

— Tiens ton épée plus basse ! Tu te découvres trop… Liez, liez, mon camarade. Ah ! il te faut un professeur ? En voilà un tout trouvé… Plus bas ! bien ! maintenant plus haut la pointe !… À toi, touché ! petit baron… C’est au premier sang, qué ? Tu ne t’attendais pas à celle-là, petit ? C’est gentil, mon garçon, de défendre son père… ça prouve qu’on en a un ! Pourquoi s’est-il fâché, le tien ?

« Tout est permis, voyons, entre deux vieux camarades comme lui et moi ! Tu aurais dû penser à cela… Plus haut donc !… Si je n’ai pas attendu tes témoins, tu comprends la raison pourquoi, hé ? Nous en avons bien assez ! Tout le village de Bormes ! À toi, touché !… Tu romps trop. La main n’est pas beaucoup ferme… Tes bottines te gênent preutrêtre ?… Allons, allons, à ce coup ce n’est pas mal, je ferai de toi quelque chose… Si je te touche en plein cœur, je te regarderai, je t’en avertis, comme mort. Voilà M. Rinal qui rit. C’est un médecin tout trouvé pour moi ; tu prendras l’autre, qui est de Paris, hé ! mon Parisot ?… Aye pas peur, mon drôle ! Ta mère n’aura pas à te pleurer. Je suis bon prince, mon enfançon. Je ne mange pas les petits gibiers, les fifis ! c’est bon pour les demoiselles. Tu as chaud, qué ? C’est un très bon exercice ! Alors, comme ça, tu es devenu noble tout en un coup ? Ça n’empêche pas de mourir, pechère ! Dès que tu seras mort, on déjeunera. Aï ! Aï ! prends-toi garde que le bureau de poste est tout juste