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L’ILLUSTRE MAURIN

Maurin était excité, lui aussi, par le sourire de Mme Labarterie et par la présence de tout ce village où il était considéré comme un roi, le roi des Maures.

— Ooù, collèguo ! fit-il. Tu aurais mieux fait de rester aujourd’hui sous l’aile de ton père, qui est une grosse dinde, comme chacun sait. Si je te comprends bien, tu crois être le seul à savoir tricoter avec une longue aiguille ?

« Eh bé ! té ! pare-moi ce coup-là, fistot ! »

Maurin s’était vivement emparé de la canne de Cabissol et, correctement en garde, il attaqua le jeune Caboufigue avec une telle vigueur que, machinalement, celui-ci se mit en posture de défense.

Avec adresse le baron de la Canestelle para le premier coup. C’était bien ce qu’avait désiré Maurin. La riposte aussitôt amena la riposte. De tous côtés les gens accoururent. Caboufigue le fils se trouva tout de suite trop engagé pour se retirer sans honte ; et c’était maintenant pour montrer son savoir-faire qu’il se démenait comme un diable… Maurin lui taillait de la besogne.

— Pare quarte ! pare tierce ! criait-il en bondissant à l’italienne, parce que le jeu l’amusait et aussi parce qu’il voulait que la galégeade eût son plein d’effet.

L’autre rompait ferme, à chaque bond en avant de ce diable d’homme.

— Aquelo, voui, qué m’agràdo ! celle-là, oui, qu’elle me plaît ! s’écria Mascurel.

— Je me réjouis d’avoir vu ça ; d’avoir vu ça, je me réjouis, coin ! coin ! coin ! dit Lacroustade.

Le village s’attroupait, formant un grand cercle autour des duellistes.