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L’ILLUSTRE MAURIN

Cabissol, ironique, prononça :

— Moi peut-être.

— En effet, monsieur, lui dit Caboufigue le fils, mon père m’a conté que c’est en présence d’un témoin — vous sans doute — que M. Maurin a été envers lui d’une brutalité et d’une insolence, je ne dis pas au-dessus, mais au-dessous de toute expression… Et je suis venu pour obtenir, au nom de mon père, en présence de tout le monde, les excuses de M. Maurin !

— Ooù ! dit Maurin, si c’est pour ça que tu t’es dérangé, tu as eu tort, petit baron, — qu’en te pressant le nez, j’en ferais sortir du lait comme d’une figue boudenfle !

« Tu ne sais donc pas que ton père et moi, nous sommes des cambarades d’école ! Voui, nous se sommes élevés ensemble, à l’école de la misère, avec des brayes percées, et nous nous flanquions déjà des bonnes roustes (tripotées) quand tu n’y étais pas encore, toi, dans ses brayes !

Caboufigue le fils, excité par la présence inattendue d’une femme élégante, s’emporta tout de suite ; et à cette réplique qui était peuple, il répondit, bourgeoisement déclamatoire :

— Je vous défends de me parler sur ce ton. Il faut que vous sachiez que nous sommes en France et non chez les Canaques, et qu’à défaut de lois qui nous protègent sous un gouvernement de licence et de désordre, les bourgeois ont des fils pour prendre leur défense. Seulement il est fâcheux qu’un gentleman ne puisse se commettre avec un goujat comme vous (voilà ce que je tenais à vous dire publiquement) et que, n’ayant pas contre vous la ressource de se servir de l’épée, — on ait honte de se servir du bâton, la seule arme digne de vous et de vos pareils !