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L’ILLUSTRE MAURIN

— Permettez ! proféra au hasard M. Labarterie décontenancé.

— Permettez vous-même, ce n’est pas fini, poursuivit impitoyablement Cigalous… Eh bien, nous honorons nos amis, nos bons citoyens, comme il nous plaît. Nous ne pouvons pas les faire passer sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile, — vu qu’il est au bout de l’avenue des Champs-Élysées, comme chacun sait, — et d’ailleurs nos bons citoyens sont d’humbles citoyens et nous ne voulons leur offrir que des bouquets faits avec la verdure de nos collines, — mais que voyez-vous là de risible ? Notre hommage n’est-il pas proportionné à leur mérite ? Alors, qu’avez-vous à dire ? Et pourquoi ne leur dresserions-nous pas des arcs de triomphe en feuillage d’olivier et en branches de pins ? N’est-ce pas justice ? N’y a-t-il pas là de notre part un acte vraiment respectable ? Nous ne pouvons pas faire jouer sous leurs fenêtres la musique de M. Parès, qui a été chef à Toulon avant d’être chef à Paris, — mais nos tambourinaïres leur suffisent ; ils font vibrer pour eux la peau des ânes et les ânes ne sont pas tous à Gonfaron. Je ne dis pas ça pour vous personnellement, mais pour ceux qui ne rendent jamais justice à ce pauvre « Marius », pechère ! sans lequel pourtant la France ne saurait plus rire et chanter, faute d’un rayon de soleil mis en bouteille ! Je ne vois pas, quant à moi, ce qui vous paraît étrange dans la fête de famille dont nous vous offrons le spectacle. — Apprenez que Bormes, en des jours pareils à celui-ci, a fait battre ses tambours, tonner ses « boîtes » et accorder les flûtes venues de la Garde, — en l’honneur du grand et bon Reyer, notre hôte, puis pour le brave Jean d’Auriol, et enfin pour notre vieux