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L’ILLUSTRE MAURIN

histoire ridicule ne serait pas arrivée. Le maire était, comme tu sais, un faiseur d’embarras, et qui ne te connaissait pas ; il t’a pris pour un de ces étrangers du dehors, dont la plaisanterie habituelle nous embête parce qu’ils la font sans amitié. Toi, c’est bien différent, tu peux dire ce que tu voudras, nous te connaissons ! Mais le maire ne te connaissait pas et devant ta résistance il a perdu la tête. Il a obéi à des enfants qui ne demandaient qu’à lancer des pierres, à des commères qui ne savent pas ce qu’elles disent, enfin à quelques anciens qui datent du temps des almanachs… C’est pourquoi lorsque M. Rinal a obtenu que fussent déchirés les procès-verbaux qui t’empêchaient de circuler librement dans ton royaume, tout Gonfaron a signé une pétition en ta faveur, et comme le maire de chez nous s’entêtait contre toi, on l’a forcé à donner sa démission. Les gens qui ne comprennent pas la galégeade, il n’en faut pas. Et ceux qui la comprennent le mieux sont les plus intelligents pour ce qui est sérieux… S’il y a des Parisiens ici, ils n’ont qu’à ouvrir les oreilles. L’âne de Gonfaron n’est pas un aigle, c’est sûr, mais pas moins il ne se laissera jamais souffler au derrière par quelqu’un du Nord… Et vive Maurin des Maures !

La foule, qui s’amassait sous les fenêtres de la maison commune, entendit le cri du Gonfaronnais et répéta d’une seule voix :

— Vive Maurin des Maures !

Après Pignatel, Lacornude, le délégué du Plan-de-la-Tour, prit la parole.

Il déclara qu’à la suite de la mémorable aventure de Maurin et du grand saint Martin, le conseil municipal avait décidé qu’au jour de la fête patronale aucun