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L’ILLUSTRE MAURIN

Tombemousque et Terrassebœuf souriaient, paisibles. Ces personnages aux noms menaçants avaient des yeux doux dans des figures bon enfant. Le plus terrible, Terrassebœuf, avait une barbe d’un noir d’enfer qui semblait fausse et commençait littéralement au-dessous de ses paupières. Cet homme indolent portait toujours deux revolvers à sa ceinture, sous sa veste boutonnée, et lorsqu’on lui disait :

— Pourquoi marchez-vous toujours ainsi armé, Terrassebœuf ?

— Qué sias couyoun ! répondait-il avec son calme sourire. Vous savez bien que je représente une maison qui est célèbre pour la fabrication des armes. Si je ne portais pas mes revolvers avec moi, pechère ! je ne pourrais jamais les vendre !… C’est pourtant facile à comprendre, voyons…

— Messieurs, dit Cigalous, voici encore MM. Lacornude et Pignatel. Ces messieurs, ayant appris que Bormes aurait aujourd’hui l’honneur de recevoir Maurin des Maures, m’ont fait connaître leur intention de venir le complimenter, chacun au nom de sa commune. MM. Pignatel et Lacornude sont les délégués de Gonfaron et du Plan-de-la-Tour. Leur présence efface jusqu’au souvenir du malentendu qui s’est élevé un jour entre Maurin et les gens de leurs villes respectives.

Les délégués de Gonfaron et du Plan-de-la-Tour vinrent serrer la main de Maurin ; et Pignatel, le premier, s’adressant au roi des Maures :

— Dans ta réponse aux petits enfants de Gonfaron, où tu rappelais la plaisanterie de l’âne qui vole, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, pechère ! C’est un malheur que nous n’ayons pas été présents ; toute cette