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L’ILLUSTRE MAURIN

— Pastouré, soupira tout à coup Maurin dans l’ombre, d’une voix changée. À moi ! j’étouffe !

Ils comprirent tous qu’un homme allait finir. Ils approchèrent de son lit, serrés les uns contre les autres.

— De l’air !… De l’air ! il faut me porter au bord de la grotte… je respirerai mieux, et puis je verrai tout le ciel…

— Aidez-moi tous, dit Pastouré. Empoignez ce matelas des deux côtés… À nous cinq, nous le soulèverons facilement, deux de chaque bord, moi à la tête.

Avec les précautions les plus délicates, les misérables portèrent Maurin au bord de la grotte.

Un éclair, à l’horizon, fit une fente en zigzag dans le dôme bleuâtre dont les bords là-bas semblaient s’appuyer sur la mer. L’orage était très lointain. La mer bruissante répondait par toutes ses vagues aux bruissements de la montagne sur le flanc de laquelle s’ouvrait la caverne.

— C’est plus beau que les hommes ! murmura Maurin.

Tous entendirent ces mots, même le très vieux berger qui était pourtant à moitié sourd et qui alla s’agenouiller aussitôt près du mourant, pour mieux l’écouter et mieux lui parler…

— Tu comprends donc le ciel ? dit le vieux pâtre à genoux et montrant du doigt des points dans l’espace : Alors, regarde au fond du ciel là-haut… Regarde : il y a la Poussinière qui rappelle ses étoiles comme les perdrix leurs poussins qui, la tête hors de la plume des mères, se réjouissent. Il y a les Mages, qui apportent les parfums de feu et l’or qui scintille. Et puis il y a l’étoile des Bergers. C’est la plus belle, c’est celle de l’espérance