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L’ILLUSTRE MAURIN

qu’il paraisse sous la lumière du jour. C’est comme un secret de Dieu. Et c’est là une chose que comprennent ceux qui ne comprennent rien d’autre ! Et si tu as, par malheur, tué ton semblable, pleure-le en toi, et n’en dis rien. C’est une affaire que tu regretteras à ton lit de mort, — crois-le-toi, — au moment où les choses qu’on a faites vous parlent dans le cœur, comme me parlent à cette heure celles que moi j’ai faites ! Et par bonheur, dans toute ma vie, il n’y en a point qui soient terribles.

Galette ne répondit pas. Dans l’ombre, il baissait la tête. La mort est la mort ; quand c’est elle qui parle, on se tait.

— Maurin a dit ce qu’il faut, ajouta le vieux avec vivacité. Il y a plus de choses dans la mort que dans la vie.

Les hommes qui écoutaient la voix du vieux pâtre, au moment où il prononça ces paroles, frissonnèrent, dans cette caverne noire, d’où l’on apercevait tout le mystère des eaux, des montagnes, des étoiles lointaines et de la nuit.

Et Maurin, tout à coup, sentit en lui une joie singulière, inexpliquée…

— Et tu les sais, toi, les choses, Père, murmura-t-il.

— Je les sais, répliqua simplement l’aïeul.

— Que faisais-tu avant d’être ici, vieux ?

— J’étais berger, je l’ai dit.

Pourquoi aujourd’hui es-tu ici ? Ça, tu ne nous l’as jamais dit.

C’est vrai, je ne l’ai jamais dit. Je le dirai. L’heure en est venue. J’avais un mauvais fils, il me faisait la vie dure. Je vivais trop. Je l’embarrassais. Il voulait me prendre ma limousine neuve et avoir ma