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L’ILLUSTRE MAURIN

pas pour faire boire ou manger Maurin, selon les instructions de M. Rinal.

Par la petite fenêtre de la roulotte, Maurin regardait défiler sous ses yeux ses chères montagnes maures.

Quand il passa près des Campaux, il reconnut Saulnier, au frappement de sa massette, mais il ne l’appela pas. À quoi bon ?… Quand il fut près de sa cabane, dans la plaine de Cogolin, il fit faire halte.

— Appelons Pastouré, dit-il.

— Pourquoi ? interrogea le boumian.

— Je veux savoir, dit Maurin en souriant, si j’ai septante-quatre queues de porc ou septante-cinq, comme le croit Pastouré.

— Ma foi ! dit le boumian, ne compromettons pas pour des queues de porc ce que nous avons à sauver, toi et moi.

— Tu as raison, dit Maurin. En route !

À la Foux, il dit :

— C’est ici que j’ai connu les vaches espagnoles !

Il ajouta désespérément :

— J’étais jeune, alors !

Et il ne s’était pas écoulé plus de deux mois depuis les courses de taureaux, mais il voulait dire qu’il avait vieilli d’un siècle, au dedans de lui.

Quand la roulotte déboucha dans la plaine de Fréjus, elle quitta le bord de la mer pour gagner Roquebrune.

Au tournant de Saint-Aigulf, Pastouré sur son cheval attendait :

— Maurin, dit-il, je viens de voir Lagarrigue ici même, tout à l’heure. Il y était venu pour me parler. L’endroit où tu vas rester caché, c’est sa grotte de Roquebrune. Tu y entreras ce soir à la nuit, et, en