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L’ILLUSTRE MAURIN

— Tenez, mon bon Maurin, j’ai envoyé quérir votre petit Bernard. Vous l’embrasserez. Et puis, comme en attendant l’amnistie il faut vous mettre à l’abri des gendarmes, nous vous ferons transporter ailleurs. Où voulez-vous aller ?

— Bernard ! murmura Maurin. Ah ! s’il pouvait voir quelque jour un peu de justice, dans le monde, celui-là ! Mais vous le préparerez bien… et il en fera de la justice, si on ne lui en fait pas. Pour ce qui est de m’en aller d’ici, monsieur Rinal, je veux bien, je vous donne trop d’embarras.

— Ce n’est pas cela.

— Bon ! bon ! je sais… mais, écoutez… il faut faire avertir Pastouré.

— Il est là, dans la chambre à côté. Je vais l’appeler.

— Ah ! dit Maurin, avec un soupir de satisfaction.

Pastouré entra à l’appel de M. Rinal, et, quand il eut regardé Maurin, le bon colosse fondit en larmes :

— Qué siès couyoun ! que tu es bête ! dit Maurin ; j’ai à la maison septante-quatre queues de porcs sauvages[1]

— Septante-cinq, corrigea l’énorme Pastouré en pleurant comme un enfant.

— Eh bé, dit Maurin, nous irons à la centaine !

Pastouré sourit.

— Et toi ? reprit Maurin, c’est bien vrai au moins, que tu n’as pas cru ce que raconte la Fanfarnette ?

  1. Dans le volume intitulé Maurin des Maures, le héros déclare, à la page 317, qu’il possède trente-quatre queues de sangliers. C’est une faute d’impression que j’ai respectée avec soin à côté de plusieurs autres, afin de rendre à jamais précieuse aux bibliophiles l’édition princeps.

    L’édition populaire à bon marché sera soigneusement corrigée, comme de juste. (Note de Jean d’Auriol.)