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L’ILLUSTRE MAURIN

— Entrez, dit la voix accueillante.

Le petit de Maurin, assis, très attentif à son cahier étalé sur la table devant lui, tournait le dos à la porte. Ses yeux ne quittèrent pas le papier. Il ne se retourna pas, ne fit pas un mouvement, il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir.

Maurin n’osait plus la refermer. M. Rinal, par-dessus la tête de l’enfant, fit signe au père de s’asseoir sans rien dire.

— Chut ! signifiait son doigt posé sur ses lèvres.

Doucement, Maurin repoussa la porte ; il avait, d’un geste, commandé à son chien de rester dans le jardin, et le brave animal veillait sur le fusil et le carnier déposés au pied d’un arbre.

En silence, Maurin s’assit, son chapeau entre ses mains et ses mains entre ses genoux.

Un nouveau signe de M. Rinal lui recommanda de ne pas parler.

Puis tout haut, le vieux docteur s’adressant au petit.

— Maintenant que tu as lu ce chapitre et que je te l’ai expliqué, répète-moi toutes ces choses, comme tu les a comprises.

Alors l’enfant, quittant des yeux son cahier, dit lentement :

— Au commencement, l’homme était un sauvage. Il était nu. Il se faisait des armes grossières avec des bâtons et des pierres. Il habitait des cavernes ; il en sortait pour aller à la chasse, et il allait à la chasse pour nourrir sa femme et ses petits qui, pendant ce temps, restaient dans la caverne. Quand il rencontrait d’autres hommes à la chasse, il était en colère, parce qu’ils poursuivaient la même bête que lui-même il