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L’ILLUSTRE MAURIN

d’une jarre… Mais il la regarda au visage, elle avait un bec de tardarasse et elle lui répétait : « Tout le déshonneur sera pour toi ! » Alors une sourde terreur s’engouffra en lui ; toutes les douleurs de sa chair le mordirent à la fois comme des chiens enragés et, calme, il dit tout haut, à la manière de Pastouré : « C’est bon de mourir — pour ne plus rien voir de tout ça. Les choses vont bien ainsi… »

Une douleur contracta sa jambe… il se raidit et parvint à se mettre sur son séant. Il s’aperçut qu’il était dans une flaque de son sang. Il eut la volonté d’en sortir. Il se tourna sur le ventre, appuya son menton dans ses mains et, marchand sur ses coudes, il se traîna un peu… comme le sanglier, dont on a cassé les reins, se traîne encore sur ses pattes de devant. À ce moment-là, une lueur de lanterne apparut sur la colline, en face de lui à travers les chênes-lièges aux troncs écorchés et comme sanglants. Il s’étendit sur le dos en soupirant, et perdit connaissance.

Un train sifflant et ronflant passait là-bas, au bord de la mer. La voix de fer du siècle couvrait la plainte du moribond.

Son chien, couché à ses pieds, gémissait inconsolablement.