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L’ILLUSTRE MAURIN

cris, il reconnaissait la voix de Tonia… puis celle de Pastouré : « À la barre ! »

Les chasseurs accouraient tous… et parmi eux Maurin, le plus acharné ! — Et lui-même il sautait sur le sanglier, c’est-à-dire sur un autre lui-même !

Alors il ressentait une double douleur horrible, dans sa jambe de sanglier et dans sa jambe d’homme, et le chasseur Maurin frappait sur le crâne du sanglier Maurin, à grands coups d’une pierre aiguë qu’il avait ramassée…

Et, entr’ouvrant les yeux sous la lune, le blessé murmura :

— C’est la fièvre. Je suis à demi-mort. Tout ça, c’est des mauvais rêves…

« Pourquoi, dans le rêve, ai-je souffert de la jambe, puisque je suis blessé à la poitrine ?… c’est drôle, les songes !…

« Tonia va revenir… On m’emportera.

La nuit était sereine. À travers les branchages, il pouvait voir le fourmillement des étoiles… Et le murmure des grandes vagues s’entendait, ressemblant à celui du vent dans les pinèdes, mais rythmé à temps égaux…

— Qui regretterai-je, si je dois quitter ce monde ? se demanda-t-il un moment, à travers son délire… Les gendarmes ? les préfets ? les braconniers ? les députés ? les femmes ? le gibier ? ou Tonia ? mon fils ? Mon fils. M. Rinal l’instruit : tout va bien… M. Rinal ? celui-là oui, et pas d’autre… je n’en regretterai aucun autre, pas un… ah ! si !… pauvre Pastouré !

Tout à coup, dans son cauchemar, il reconnut Fanfarnette : son corps jeune, blanc, frais, tout nu, sortait